Un endroit où on ne s'ennuie pas !
Marc Beaudelot
La Lanterne du mercredi 5 septembre 2001.
" Sans le rêve, il n'y a pas de poésie possible. Et sans poésie, il n'y a pas de vie supportable." C'est sans doute, forte de cette conviction de l'écrivain Pasteur Vallery-Radot que Fabienne Govaerts s'est lancée dans la création d'un lieu dédié à la littérature et à la poésie. " mais pas ennuyeux " insiste la directrice, par ailleurs, ex-journaliste culturelle. Après avoir déjà accueilli l'an dernier conférences, concert, récital de poésie et création théâtrale, on fappait hier les trois coups de la première saison complète.

A l'instar d'autres lieux comme la Soupape (voisine) ou la Samaritaine, la Clarencière entend donner un coup de pouce à des artistes pas nécessairement confirmés mais néanmoins professionnels. Avec une priorité. "Ici, littérature et poésie seront abordés et abordables, explique Fabienne Govaerts. Je souhaite que ce lieu ne rime pas avec ennui. La Clarencière souhaite aussi devenir une vitrine, un endroit branché, un atelier d'artiste."
La moindre des qualités de la maîtresse des lieux n'est certes pas la patience. Il y a une dizaine d'années qu'elle a investi cette ancienne maison d'artisan, située rue du Belvédère à deux pas de la Place Flagey et en face de (l'arrière de) la Maison de la Radio. Et qu'au fil des travaux et de ses moyens financiers, elle a créé un lieu de spectacles, avec notamment une salle pouvant accueillir 50 personnes.
L'idée de base ? "Cibler l'actualité littéraire et poétique. Sans amateurisme, en proposant des spectacles complets avec musique donnant la priorité aux textes."

Pour se faire une idée plus précise, jetons un coup d'oeil à la programmation. On commencera avec Charles Kleinberg. Logique, avec Jacques Crickillon, ce sont nos deux pères spirituels". Dans Mes passions littéraires, Charles Kleinberg fera revivre des textes d'auteurs contrastés : James Ensor, Pablo Neruda, Alphonse Daudet, Victor Hugo, Emile Verhaeren, Stefan Zweig, Platon... Suivra Addolorata, une pièce où Marco Micone évoque les désillusions de l'immigré italien. Une tragi-comédie faite de séquences au quotidien. En octobre, théâtre encore avec le Journal d'un fou de Gogol mais aussi Paroles et musique de ..., un récital où poésie et piano feront incursion dans les oeuvres de Satie, Beethoven, Tardieu, Norge, Rachmaninov ou Prokofiev. Et, d'ici la fin de l'année, La Clarencière proposera encore un récital poésie (surréaliste)flûte, une conférence de jacques Crickillon, une lecture-spectacle, un récital poésie et guitare sans oublier la reprise du one-man-show poético-humoristique " C'est pas facile la vie à 2...!?!" Voilà qui devrait satisfaire ceux qui recherchent la mélodie de textes ciselés.

 
Espace Littéraire de La Clarencière.
Sophie Creuz
L'Echo de la Bourse - jeudi 6 septembre 2001.
Fabienne Govaerts reçoit chez elle, dans un lieu aménagé à cet effet, l'objet de sa passion. Cinquante spectateurs pourront savourer, dans un esprit de proximité et de convivialité, la rencontre avec des auteurs et des artistes débutants ou confirmés, mais tous professionnels. Charles Kleinberg essuie les plâtres avec mes Passions littéraires, place ensuite avec la pièce de Marco Micone Addolorata et bien d'autres échappées littéraires ou musicales et conférences.
 
Scènes - Libre Culture du mercredi 12 septembre 2001.
A Ixelles s'ouvre un nouveau lieu dévolu aux textes (littérature, poésie), à la musique et au théâtre. Cave conviviale, la Clarencière accueillera d'abord les Passions littéraires de Charles Kleinberg ensuite ...
 
Bienvenue à La Clarencière !
Michel Paquot - Revue Imagine du 1er octobre 2001.
L'immeuble mitoyen n'a l'air de rien, dissimulé Place Flagey à ixelles, derrière l'ancien bâtiment de l'I.N.R. en pleine réfection. Ce sont pourtant ces caves qui abritent un nouvel Espace Littéraire à découvrir, la Clarencière. Composé de deux pièces - la salle de spectacle et un petit salon d'accueil qui débouche sur un joli patio fleuri-, ce nouveau lieu théâtral bruxellois est le fruit d'une utopie.
Il y a dix ans, en effet, personne ne pouvait imaginer que l'endroit sombre et poussiéreux encombré par une citerne et une chaudière intransportables deviendraient un jour ce charmant et cossu sous-sol. personne, sauf une femme, Fabienne Govaerts, sans le sou mais suffisamment pugnace et passionnée pour donner vie à son rêve.
Après y avoir programmé quelques spectacles, l'ancienne responsable du magazine BIZZ'art se lance dans l'aventure d'une saison comlète. Au fil des semaines, vont se succèder Charles Kleinberg, le Journal d'un fou d'après Gogol, une récital de poésie et piano par Cécile et Jean-François Brion, un Récital Baudelaire ou encore une conférence de jacques Crickillon sur la Littérature des Ténèbres du XIXème siècle. Un programme exigeant, à encourager !
 
Ouverture d'un nouvel espace littéraire : La Clarencière
Christelle Prouvost - Le Soir du lundi 10 septembre 2001.
.. C'est de la folie ! C'est merveilleux ! A l'annonce de l'ouverture d'un nouveau théâtre littéraire à Bruxelles, les avis ont divergé ! Donner raison à la raison ou au désir ? Fabienne Govaerts n'a pas hésité : elle en avait envie, elle a concrétisé. D'abord, elle jette son dévolu sur une belle maison, dans une rue voisine de la Place Flagey. Elle déblaie, aménage. Et la Clarencière naît.
Aujourd'hui, les portes du théâtre s'ouvrent... Quelques marches franchies, un jardin nous convie, en même temps qu'un escalier vers les caves nous tente. C'est là que ça se passe ! Une petite salle voûtée, élégamment éclairée, accueille 50 personnes.
Au menu du lieu, un peu proche, par l'esprit, du Théâtre Poème, de la musique, du théâtre et de la poésie bien sûr. Charles Kleinberg, référence en la matière, inaugurera le théâtre avec ses Passions Littéraires. Jacques Crickillon donnera une conférence sur la littérature romantique et ténébreuse du XIXème siècle. Même période, même attachement pour cette mélancolie avec le Plaisir du texte.
Michel Voiturier, Isabelle Spriet et la flûtiste patricia Gosse nous feront réexplorer l'univers surréalise. La guitare de Johan Fostier accompagnera un conte-poème de Ramon Jimenez. Le piano sera seigneur d'une échappée autour de Satie, Proust ou Norge. Enea Davia proposera pour le volet théâtral un one-man-show poético-humoristique sur l'humain, l'amour... A vous d'expérimenter !
 
Unimuse à La Clarencière .
Le Carnet et les Instants N° 119.
... C'est une riche idée qu'a eue Unimuse d'en retrouver la filiation chez les surréalistes belges et leurs descendants. Au cours des soirées Fatrasies d'avant Quiévrain, présentées à Ixelles dans le cadre de la Fureur de Lire, les poèmes farfelus, drolatiques et insolents de ces malmeneurs de langage et détripeurs de syntaxe que sont Louis Scutenaire, Paul Nougé, Paul Colinet, Jean-Pierre Verheggen, et quelques autres d'identique acabit seront servis entrelardés d'aphorismes, maximes et autres apophtegmes absurdes, délirants et cruels.
Leurs écrits seront éructés, susurrés, crachés, distillés par Isabelle Spriet et Michel Voiturier, tandis qu'en musique Patricia Gosse dira flûte à l'assistance.
Cela se passe à la Clarencière en octobre. Reprise en décembre à l'Arbre sur le Toit à Tournai.
 
Enfin tout sur l'Amour
de Pierrette Entcantada-Laffineuse et Roger Hindricq au piano.
Roger Simons - www.cinemaniacs.be - février 2002.
La Clarencière, véritable bonbonnière aux couleurs incandescentes où l'on est accueilli par Fabienne Govaerts, la maîtresse de céans au sourire charmeur. On descend quelques marches et on arrive dans une cave ancienne aux murs blancs, habillée de sièges moelleux. Une bonne musique de jazz nous fait patienter quelques instants.
Roger Hindricq monte sur le petit plateau de théâtre, installe un écriteau sur lequel est inscrit " Prélude " et gagne le piano blanc. La belle et troublante Pierrette Entcantada-Laffineuse fait son entrée, nous adresse un petit sourire coquin et nous convie à une soirée intime, décontractée, conviviale et ... érotique. Il est vrai que cette femme, professeur au Conservatoire de Bruxelles, comédienne et chanteuse chevronnée, respire la féminité et la sensualité ! Elle a fait un choix de fort belle qualité parmi de grands écrivains des siècles passés : Gilles d'Aurigny, Olivier de Magny, Choderlos de Laclos, Marceline Desbordes-Valmore, Rémy Belleau, Théophile Gautier, Alfred Jarry... Et d'autres encore... Tous ces textes d'une belle plume parlent de l'amour, Les liaisons dangereuses, Les roses de Saadi, Le jardin clos, Impuissance, La Papesse Jeanne... Des textes drôles, corrosifs, galants, aphrodisiaques, parsemés de pétales humoristiques.
Tableau coloré sur un sujet qui fait tourner le monde ! Pierrette Entcantada avec la complicité de son pianiste a remarquablement équilibré ce récital donné à l'occasion de la Saint-Valentin. Savant mélange de textes et chansons. Sa voix fine, délicate, cristalline, est d'une belle générosité. Son regard qui s'éclate dans la petite salle du théâtre nous fait rêver et nous émerveille lorsqu'elle chante l'air célèbre de Carmen, J'ai deux amants (un régal signé Guitry et Messager), l'air des Bijoux (Faust), Jalousie, Apprenez-moi des mots d'Amour (quel ensorcelant professeur) et l'Hymne à la Vie....
 
Théâtre Littéraire de La Clarencière
Roger Simons - www.cinemaniacs.be - Octobre 2002.
Ce café-théâtre situé juste derrière " Flagey ", à quelques pas de l'église Sainte-Croix est un lieu très intime où les artistes de toutes disciplines aiment se produire.
Fabienne Govaerts, directrice, se trouve chaque soir dans le vestibule d'entrée du numéro 20 de la rue du Belvédère, prête à confirmer votre réservation et vous piloter dans le lieu du spectacle situé dans les caves de ce grand immeuble néo-classique (avec petit salon doté d'un bar qui permet la rencontre avec les artistes à l'entracte et après la représentation).
Elle a tout réaménagé, faisant disparaître quelques vilenies qui trônaient sur le plateau : radiateurs, compteurs et autres tuyauteries… Elle a fait tout repeindre en blanc, et agrandir la scène, ce qui lui permet d'accueillir plus d'artistes encore, et de concevoir des mises en scène plus riches .…
Fabienne (elle adore qu’on l'appelle par son prénom),une femme qui garde toujours son sourire, a concocté une très belle saison. Pour le premier spectacle, c'était une lecture à plusieurs voix sur des textes de Thierry Dutoit (qui s'était joint à la troupe).

Après, un spectacle sur l'Amour, la femme, la mère, l'enfant, l'amante, la bien-aimée des anges, avec Didier De Craene et Marie-Anne Baye accordéoniste (programme étoffé) !
Ensuite , des comédiens en herbe, sortis du Conservatoire Royal de Bruxelles ont interprété avec talent des textes d'Alfred de Musset dont La coupe et les lèvres - Conseils à une Parisienne - Une soirée perdue - des lettres de George Sand à Alfred de Musset, d'autres encore d'Alfred de Musset à George Sand… L'ensemble mis en scène avec intelligence par Jacques Neefs. Entre ces textes, tous axés sur l'amour , Manon Gertsch a joué le Nocturne opus 27 n° 1 , l'Etude opus 10 n° 4 ainsi que le Nocturne opus 27 n° 2 de Frédéric Chopin. Une jeune pianiste au fin doigté, promue à un bel avenir, tout comme la plupart des acteurs, six filles (Valéria Becerra, Anaëlle Snoeck, Alice Malevez, Sylvie Maddison, Lucile Clairembourg, Stéphanie Blanchoud) et sept garçons (Renaud Van Camp, Quentin Lemenu, Eric Nzaramba, Julien Vargas, Gauthier de Fauconval, Mychael Parys, Cédric Lombard) pleins d'enthousiasme et de plaisir de dire et jouer ces textes.

Dans quelques jours, Charles Kleinberg, comédien et récitant, spécialisé dans la lecture de grands et beaux textes, se produira dans ce charmant théâtre pour y donner un récital de poésie focalisé sur les classiques de Victor Hugo, une autre façon de terminer l'année du bi-centenaire de la naissance du grand poète du 19ème siècle. Charles Kleinberg fera une relecture de Napoléon II - l'Expiation - Booz endormi – La Conscience - Tristesse d'Olympio - Les Djinns - La fête chez Thérèse … etc.
Charles Kleinberg, l'actuel directeur du Conservatoire Royal de Bruxelles , se produira sept fois à la Clarencière :
les 14, 15, 16, 22, 23, 29 et 30 novembre à 20h30. (Prix d'entrée : 12 euros)

Pour finir en gaîté l'année 2002, Fabienne Govaerts a mis au programme le One-man-show de et par Jérôme de Warzée (fils du comédien populaire Michel de Warzée), baptisé par son auteur : Moi, mon Surmoi et comment l'exploiter pleinement .
J'avais apprécié cet artiste plein d'humour et de drôlerie, dans ce même théâtre la saison passée (où il faisait des débuts prometteurs). Il avait obtenu un énorme succès. Je gage que ce succès sera encore plus fort cette fois, d'autant plus qu'il présentera son premier spectacle du 5 au 21 décembre et fait rarissime, nous le retrouverons quelques jours plus tard (27 et 28 décembre) avec son deuxième One-man-show au titre révélateur Etat second .
Ce spectacle sera encore présenté les 9, 10 et 11, 16 et 18 janvier 2003.
La " patronne " du lieu me demande de vous informer qu'elle organisera un Réveillon Nouvel An du tonnerre. Elle espère votre visite …Mais, attention, réservation indispensable !

 
Coup de projecteur
Fabienne Govaerts - www.comediens.be - Novembre 2002.
…Itinéraire d’un enfant sensible !
Charles Kleinberg a une longue carrière derrière lui et pour cause, à 3 ans déjà notre homme étudiait le violon. A 7 ans il donnait déjà des concerts et à 10 ans muni des dérogations nécéssaires à son jeune âge, il entrait prématurèment au Conservatoire. C’est là qu’il travailla d’arrache-pied avec son célèbre professeur Gertler. A 11, 12 ans il y donnait déjà des concerts : sonates de Corelli et duos pour 2 violons de Bartok. Mais très tôt Gertler jugea qu’il serait préférable pour Charles d’abandonner ses études afin de consacrer ses journées d’études uniquement au violon… Apre jugement que n’apprécia guère le père de Charles exigeant que son fils continue ses humanités. C’est ainsi qu’une carrière certainement très riche fût avortée et que l’on assassinat un petit Mozart…

Quelques années plus tard, bac en poche, Charles Kleinberg fît son entrée au service militaire par un biais pour le moins étrange. Chaque jour depuis l’ancien I.N.R. à la Place Flagey il animait dans le studio 16 une émission journalière « pour troupes « intitulée La demi-heure du soldat, dans la tranche 18h00-18h30 (réservée à l’armée en cas de conflit ou d’urgence diplomatique), avec des émissions consacrées aux soldats casernés en Allemagne ou aux coloniaux africains. D’émissions spéciales en émissions romantiques, cet intermède dura un an, le temps de l’armée.

Déjà muni d’une formation complète à l’I.A.D. et d’années de candidature en Philosophie et Lettres de préparation au Droit à l’université… - la radio loucha vers ce jeune expérimenté qui avait bénéficié d’une année d’émissions préparatoires.
Il fût donc engagé comme speaker et commença l’aventure des levers plus que matinaux (5h30) avec des communiqués à la batellerie, aux pigeons, des bulletins du temps, des dédicaces personnelles, des informations générales qui virent les débuts de futurs grands tels Jacques Bredael ou Paul Damblon, …


Très rapidement on l’engage pour des émissions plus intéréssantes, sa voix, sa diction soignée, son style, son sens musical et poétique l’amènent à des émissions plus personnalisées telles que « Soirée intime chez Charles Kleinberg », l’émission poétique du samedi soir ou, les Contes à la Veillée Radiophonique de Noël qui durent plus de 4heures. C’est l’époque riche où d’autres jeunes talentueux percent, les Gérard Valet, les Jean-Claude Mennessier…

Mais les choses se bousculent vite dans la vie de Kleinberg car il est appelé au théâtre pour y interpréter les grands classiques, - carrière déjà entâmée pendant son service militaire -. C’est ainsi que depuis ses nuits ont souvent été fort écourtées, après Néron dans Britannicus au Théâtre de Liège, il saute dans le dernier omnibus Liège - Bruxelles de 2h00 du matin pour assumer ses émissions radiophoniques du petit-matin.
C’est un rythme et un style de vie qu’il va adopter tout au long de sa carrière. Car Charles est un épicurien qui veut prendre le temps de vivre dans son monde, celui de l’Art c’est-à-dire à un rythme pas du tout épicurien. Là va être la difficulté de toute sa carrière. Travailler beaucoup, énormèment, … toujours et… vivre avec cet appétit qui le caractérise. Comment concilier les deux. Comment ???

Le Rideau l’accueille dans Oreste, il devient pensionnaire au Théâtre du Parc tant dans le répertoire classique que le contemporain : Racine, Corneille, Shakespeare, Goethe mais aussi Tennessee Williams et tant d’autres qu’il embrassa avec ardeur et passion. Car là est bien le maître-mot de cet homme : Passion.
Dès 65. il est souvent sur les routes, il joue à Paris avecla Comédie française, à Carthage. C’est une belle époque de sa carrière.

Mais ce rythme épuisant, trépidant l’amène cependant à un ras-le-bol général et à une période de recul. Il décide de s’expatrier. C’est qu’il a encore une autre idée. Il rêve de créer une émission radiophonique en Afrique.
Mars 70 ce sont les premiers récitals poétiques et ensuite… le départ.pour l’Afrique noire, pour Kigali au Rwanda. Très vite pourtant l’enthousiasme est douché car l’Afrique manque de moyens pour créer une véritable radio et se contente d’expédients. Déception pour Charles qui ne se laisse pas démonter pour autant et crée alors des récitals qu’il donnera dans les athénées et universités du Rwanda et du Burundi s’adressant autant aux africains qu’aux européens.

… La piste poétique
Au retour de cette belle expérience, en décembre, tous les théâtres sont déjà distribués et cela mène notre homme tout droit dans la piste poétique. Il propose un récital à Albert-André Lheureux alors créateur d’un petit lieu littéraire très à la mode baptisé l’Esprit Frappeur. C’est la naissance des Rives de la Poésie qui se jouera là pendant un mois avec bonheur et succès.
La concrétisation de ce récital aboutira à une longue, très longue série puisqu’en 73 il fêtera la 100ème au Cirque Royal devant un public de 2.500 personnes seul en scène et qu’en 79 suivra la 1.000 ème de ce même récital toujours au Cirque Royal uniquement accompagné par un guitariste. Une ovation de 30 minutes par un public enthousiaste couronnera ce récital.

… l’enseignement, son autre passion
Entretemps Charles Kleinberg qui mène sa carrière sur tous les fronts a été nommé professeur de déclamation au Conservatoire Royal d’abord à Mons, ensuite à Bruxelles ce qui a d’une certaine manière arrêté sa carrière de récitant car l’énergie et le temps consacrés à l’enseignement sont énormes.
Ce métier là, aussi ; il le sert avec passion. Une passion jamais démentie et les très nombreux élèves qui ont eu la joie de l’avoir comme professeur ne me contrediront pas. De très, très nombreux élèves dont 100 sont aujourd’hui à des postes de professeur également dans les conservatoires royaux et les académies de Belgique.
29 ans de cours, 29 ans à enseigner aux élèves l’art de se réaliser avec la technique en harmonie avec eux-mêmes.
Car s’il prend le risque de se mettre en scène parfois seul et toujours avec talent, il déploie la même élégance pour mettre en avant ses élèves avec une générosité non feinte.

… Ses grandes mises en scène
Pourtant s’il considère que le conservatoire a mis un certain frein à sa carrière de récitant il n’en reste pas moins qu’il continue à se lancer dans des réalisations de grande envergure. C’est ainsi que dans les années 80 il ajoute à son actif de prestigieuses mises en scène de plein air : Les Fêtes de Wallonie, spectacle de 20.000 spectateurs sur la Grand-Place toutes maisons historiques illuminées, toutes ruelles condamnées et consacrées uniquement au spectacle.
Mais aussi Mons Passé Présent avec plus de 1.000 comédiens et figurants,
Le millénaire de Bruxelles avec Egmont de Goethe ; 12.000 spectateurs avec des interprètes prestigieux Bernard Marbaix et le regretté Raoul de Manez,
Une reconstitution historique à Waterloo.
Plusieurs nuits au château de Beloeil dont Schumann, Monteverdi, Mozart…

Ses spectacles les plus récents :Libertés et Droits de l’Homme, le Traité sur la Tolérance de Voltaire, Senghor et la négritude en décembre 2001.

L’homme se fatigue parfois mais se passionne toujours… Et s’il a parcouru le monde jouant au Japon, au Brésil, en Israël, en Russie, en France, au Portugal ou en Pologne cela a toujours été en véhiculant la langue française. Ses récitals ont fait le tour du monde avec toujours le même succès.

…Perpétuel esthète
Amateur de grandes salles, de distributions grandioses, de mises en scène prestigieuses dans des lieux de renommée il est cependant toujours à l’écoute des gens et se met fréquemment en danger, - une autre forme de danger-, en jouant dans des petits lieux où la proximité permet une autre approche, plus personnalisée, plus chaleureuse.
Jamais son sens de la mise en scène, du « beau « ne se perd quel que soit l’enjeu car Charles est un edoniste dans l’âme.
Jamais ses spectacles - d’un personnage à cent personnages, sur une scène dépouillée ou dans de grands espaces historiques -, ne perdent leur sens visuel agréable.
C’est ainsi qu’on a pu le voir dans des lieux tels que l’Estrille au Sablon de 81 à 84 avec ses élèves qu’il poussait – discrètement mais fermement vers leur avenir -, mais aussi à la Samaritaine avec l’Ensemble poétique de Bruxelles qu’il a créé regroupant les élèves et les chargés de cours ,– toujours au Sablon -, fin des années 80 et depuis l’année 2001 au Théâtre Littéraire de la Clarencière près de Radio Flagey où il innove en novembre 2002 un spectacle consacré aux grands textes classiques de Victor Hugo cette année anniversaire.
En fait il revient là où il avait commencé son parcours juste en face du studio 16. pour continuer une carrière dédiée à la poésie. Car il a aussi besoin de se retrouver dans des lieux et des spectacles plus intimistes où il nous livre ses sentiments profonds !

… Tentation !! ??
Aujourd’hui en fin de carrière le timing toujours empli de Charles Kleinberg s’est vu dynamité par une belle tentation. Et même s’il s’était juré de refuser toute proposition autre que celle d’artiste ou de professeur, il n’a pu résister à la proposition de ce mandat temporaire d’assumer la transition suite au départ de l’ancien directeur du conservatoire de Bruxelles, Jean Baily, de mettre en place le nouveau directeur quand il sera nommé ; et de faire appliquer la nouvelle structure qui, - après tant d’années -, est enfin effective depuis ce 1er septembre.
Car si la Ministre Françoise Dupuis de l’Enseigneent supérieur a mis en place Charles Kleinberg à ce poste, il avait été choisi à l’unanimité par la profession. Il est aujourd’hui – depuis la longue histoire du conservatoire né en 1832 – le 1er directeur issu des arts de la parole. Tous les autres étant issus des arts de la musique !
Dorénavant les conservatoires vont donc fonctionner conformèment à l’Enseignement Supérieur artistique, l’enseignement sera donc départagé en candidatures et en licences telles les universités. Dorénavant comme il le dit lui-même avec l’humour qui le caractérise si bien : … "Nous voici donc dans la Cour des Grands : les Erasmus, les Bologne, l’équivalence européenne, tout cela nous est accessible. Craignez, Romains, craignez de voir débarquer les Gaulois, les Astérix, les Assurances Tourix, les plus braves des peuples de la Gaule . Et vous étudiants de l’ancien régime, on ne vous oubliera pas, vous serez les transitoires, les valeureux qui contre vents et marées vous serez imposés avant l’arrivée des nouveaux élus."

Dans ce conservatoire Charles Kleinberg a mis des années pour parcourir peu de distance au niveau de l’espace mais quelle distance au point de vue professionnel…

… des projets
Très prochainement un nouveau cours privé de déclamation pour adultes et jeunes adultes.

Avec le temps, comme les grands crus, Kleinberg a gagné en profondeur, en humanité et en générosité. Ces atouts multiples ajoutés aux dons naturels qu’il a su développer ont fait que si la poésie est une douce musique, il nous berce de cette musique-là depuis 40 années d'activité artistique incessante et ce n’est pas le dernier tour qu’il a dans son sac à surprises, car il a toujours su garder une âme d’enfant pour s’émerveiller et vibrer avec nous…

Fabienne Govaerts

 



Rubrique Théâtre
20 rue du Belvédère : …
La Clarencière


Fabienne Govaerts est la magicienne d’un petit lieu où, depuis deux ans, sans subside,
la culture brille ! Le Théâtre Littéraire de la Clarencière, c’est Fabienne Govaerts.
Programmations, affiches, presse, cuisine, vaisselle, repassage, travaux : elle partout !!!
Avec son fils cadet Geoffrey pour la régie son et lumière et la maintenance du théâtre.
Ce petit lieu, La Clarencière, elle l’a baptisé ainsi à cause de celui qui fut son compagnon,
le comédien André Clarence. Elle lui avait promis : « Si je fonde un lieu de spectacles,
je lui donnerai ton nom. «

Femme-orchestre...
Cette éternelle « élève libre « a sans cesse hanté, pour son enrichissement personnel, académies, conservatoires, musées, en y suivant des cours d’histoire de l’art, du théâtre… Attachée de presse au Théâtre de l’Eveil, au Bang bang théâtre, au Théâtre d’Art, créatrice journaliste du Magazine BIZZ’ art, des Prix de Théâtre BIZZ’ art responsable des relations publiques et presse au Théâtre de la Vie, rédac’chef au Magazine Saisons, animatrice des Lundis Théâtre à radio Arc en Ciel : un quart de siècle que Fabienne Govaerts hante les lieux de théâtre. Et elle nourrissait l’envie d’avoir son petit lieu à elle. « Ici, je ferai mon théâtre ! « avait’elle déclaré en promenant son regard sur les caves à charbon et l’énorme citerne à mazout du 20 rue du Belvedère.
Elle a cassé, percé, démonté, dispersé, dégagé, construit, aménagé. Cela a pris dix ans ! Aujourd’hui, un piano droit tout blanc, sur une scène blanche, avec des bancs et sièges de jardin pour la salle et un petit salon attenant avec bar, et un jardin pavé en haut des marches : caverne magique !

Cadeau le 27 septembre !
Pour la fête de la Communauté française, la Clarencière ouvrira gratuitement sa deuxième saison.
Même en l’absence de tout subside ! Les comédiens joueront pour un sourire la lecture-spectacle de Thierry Dutoit : « Dernières nouvelles des nouvelles « (jusqu’au 5/10).

Programme :
Suivront jusqu’en juin 2003 : lectures-spectacles, récitals de poésie, théâtre musical, conférences, contes. Parmi les auteurs : Proust, Hugo, Omar Khayam, Christian Bobin, Musset, Dali, Crickillon, Ferré, Baudelaire, Apollinaire, Rimbaud …
Parmi les interprètes : le poète-conférencier Jacques Crickillon (la poésie persane), le récitant metteur en scène Charles Kleinberg qui nous rendra le Hugo que nous aimons, ou Jérôme de Warzée, auteur-acteur (fils de Michel), et ses one-man-show, miroirs de l’homme surdimensionné. Ou l’accordéoniste Marie-Anne Baye avec le comédien Didier De Crane pour évoquer l’univers de Bobin. La chanteuse-comédienne Pierrette Entcantada ou Sylvie Rigot qui nous vient de la radio. Ainsi que des élèves de Kleinberg au Conservatoire de Bruxelles. Sans oublier les cours de déclamation pour adultes de Charles Kleinberg …

Luc Norin
La Libre Belgique – Culture du lundi 16 septembre 2002.
Spectacles à 20h30. Téléphone : 02/640 46 70.
Site : WWW.laclarenciere.be.tf


**********

Les plus Courteline... sont les meilleures !

Théâtre Littéraire de la Clarencière
du 18/02/2003 au 22/02/2003


Il vous reste encore ce soir et demain samedi pour aller applaudir deux jeunes femmes , actrices de leur état, en sortie du Conservatoire : Céline De Geyter et Elsa Erroyaux.
Elles font preuve toutes deux d'une présence extraordinaire, d'un " bagage " de comédienne absolument soufflant alors qu'elles en sont pratiquement à leurs débuts, et d'un professionnalisme surprenant .
Céline (21 ans), a la vivacité, la force, le punch pour jouer les soubrettes de Molière. En plus, son visage est terriblement expressif .
Elsa, 27 ans, joue les " pointues " avec sa fine silhouette et son sourire ambigu. Plus tard, elle interprétera très certai-nement les " garces " ou " femmes fatales ". Elle aussi est fort drôle. D'ailleurs, elles se complètent magnifiquement toutes deux sur cette petite scène
.
Elles ont établi, avec la complicité et l'œil bienveillant de Tristan Moreau (23 ans), un programme très varié qui ne con-naît aucune bavure ni aucun temps mort où elles jouent les personnages de Charles Cros (L'obsession et La bonne), Georges Auriol (J'ai tué la bonne), Aristide Bruant (Nini - Peau - d' Chien – Le Chat noir – A la Villette), Alphonse Allais (Comme les autres – Les templiers), Lucien Boyer (Vive l'express de Normandie), un texte incroyable de Georges Feydeau : Le condamné à mort, Courteline (Dors en paix sur une musique d'Yvette Guilbert – La première lettre et Le constipé récalcitrant),et elles terminent leur spectacle plein de joie, d' allant, de dynamisme avec la célèbre chanson d'Yvette Guilbert : Madame Arthur…

Benoît Paradis (24 ans) les accompagne au piano. Elles nous plongent toutes deux au début du vingtième siècle, redevenu très à la mode, ne serait-ce déjà qu'avec les vieilles chansons enregistrées tout récemment par Patrick Bruel ! C'est chouette et décapant! Et les textes remarquables et pas du tout poussiéreux. J'opte en priorité pour " La bonne " et " Le condamné à mort " et " L'Obsession ".

Céline et Elsa savent très bien ce que " visuel " veut dire. Elles changent de tenue pour chaque sketch ou chanson. Elles doivent leurs créations vestimentaires à Ludwig Moreau (20 ans).
Ce spectacle est un véritable régal, plein de talents (eux cinq réunis), de bonheur et d'humour.

Dépêchez-vous de les applaudir car Céline et Elsa seront à Paris à l'Olympia les 14, 15 et 16 mars en première partie de Salvatore Adamo. Elles joueront un raccourci de leur spectacle. Fabuleux pour un début… Et nous les retrouverons également l'été prochain en Avignon et au cours de la prochaine saison théâtrale au Théâtre du Grand Midi de Bernard Damien avec " L'Opéra des Gueux ". Elsa a un autre rendez-vous plus immédiat, à La Samaritaine, cette fois pour la mise en scène de " Tristan l'Inconstant " (avril).

Roger Simons, Roger Simons, theatre@cinemaniacs.be

 

**********

 

Cabaret à la Clarencière :

La jolie canaille du Chat Noir !

 

CRITIQUE - Michèle Friche

Des espaces chaleureux un peu exotiques, minuscules dans des caves bien aménagées, à deux pas de Flagey : entrez donc à " La Clarencière ", chez Fabienne Govaerts ! Théâtre, cabaret, poésie, musi-que, conférences y réunissent de jeunes artistes (mêlés à de plus aguerris) osant des désirs couvés tout en se " faisant " des planches. Ces soirs, un quatuor se lance dans la gouaille des cabarets du Lapin Agile et du Chat Noir, avec Courteline, Aristide Bruant, Alphonse Allais, Yvette Guilbert, Feydeau... On y tue des bonnes, on s'encanaille avec Nini-peau-d' Chien ou Madame Arthur, on y dorlote l'express de Normandie, on cherche fortune à Montmartre ...

Le rire (et le fou rire !) emporte la mise sans que les interprètes ne forcent la dose. Il est vrai que ces textes du début de siècle gardent une saveur incroyable, ce qu'ont bien compris les jeunes artistes formés par Bernard Cogniaux et Bernard Damien, à Mons.
Elsa Erroyaux joue de son élégance filiforme et de son ironie, Céline De Geyter de sa générosité ronde et pétillante. Toutes deux ne manquent pas de punch, les voix ont de belles possibilités qui demandent encore un rien de maîtrise.
Le troisième larron, Benoït Paradis officie au clavier coquin et le quatrième à la mise en scène : Tristan Moreau (par ailleurs excellent diseur/chanteur, à voir la samaritaine en avril) a trouvé le bon rythme pour ajuster dans la surprise les solos, duos et relais de ces gentes dames autour d'une bonne dizaine de casiers (vides) de bières !

Ajoutez-y les détails cocasses des costumes de Ludwig Moreau avec un zeste de surréalisme inspiré des loufoqueries des textes et ce spectacle baptisé " les plus Courteline sont les meilleures " réjouira les plus grincheux. Enfin, sachez que ces tout jeunes artistes oseront la scène de l'Olympia les 13, 14 et 15 mars prochains en première partie du récital de Salvatore Adamo ! Qui dit mieux pour qui a de l'audace et du talent !

 

Jusqu'au 22 février à la Clarencière, 20 rue du belvédère - 1050 Bruxelles. tél. : 02/640 46 70.

Le Soir du vendredi 21 février 2003.

**********


Ballade de Lorne Lorna Lherne

d'après l'oeuvre de Jacques Crickillon
Adaptation de Christophe Van Rossom

Avec France Quenon et Jacques Neefs
Oeil extérieur : Jean-François Brion.

Représentations les 28 et 29 mars à 20h30 ainsi que les 3, 4, 5, 10, 11 et 12 avril à 20h30
Théâtre Littéraire de la Clarencière
rue du Belvédère 20 - 1050 Bruxelles
du 28/03/2003 au 12/04/2003


... " Louange à vous, Lorna Lherne .
C'est l'écriture hors le monde que je vous célèbre .
C'est d'un ciel de pierre bleue que me vient votre voix .
Où aller, cendre ? quand le chiffre est composé .
Louange à vous, Lorna .
Je sais bien que rien ne sert à rien, qu'on va tous mourir,
que l'univers s'en fout.
..

Texte magnifique de Jacques Crickillon joué en ce moment à la Clarencière par deux jeunes acteurs : France Quenon (Lorna) et Jacques Neefs ( Lorne)
Jacques Crickillon, un écrivain dans la soixantaine, est l'auteur d'une œuvre importante qui mêle avec talent prose et poésie.
Sa muse, son initiatrice, son inspiratrice , sa dédicataire , est la charmante épouse du poète qui travaille avec lui depuis de nombreuses années. Le cycle de Lorna Lherne date des années 90 et court sur six livres qui constituent l'un des plus hauts sommets de nos lettres belges.

... " Louange à vous, ma louve. Je sais bien que mes feuilles pourriront avec les feuilles -
Et c'est pourquoi dans les arbres on entend des poèmes.
J'ai l'air d'un vieux cheval autour de son enclos .
L'air du gosse et son château de sable, je sais, et la mer va venir, je sais .
Et de croire à Dieu, aux anges et à la poésie.
Peut-être que je n'entends que le vent dans les feuilles des arbres, et le vent c'est le vent d'accord !
Et vous autres, vous êtes ce que vous êtes, oui ! Vous n'entendez rien. Vous ne parlez à personne. Vous êtes ces charognes bavardes de mouches, vivantes de pourritures .
Voilà mon exécration. Voici mon apogiature. ..


Christophe Van Rossom (adaptateur) : Nous sommes dans une autre vie. Mêlant le fantasme et la réalité, le poète se souvient d'un village haut perché dans la neige où il vécut autrefois , en amont de la rencontre , toute une saison : Our , là où il apprit à distinguer, dans le dénuement l'essentiel de l'accessoire. Période de quête d'une identité et d'une raison de vivre. Moment aussi sur lequel, telle une aube annoncée, Lorna , sa compagne mythique , étend la lumière qu'il espère.

..... " Louange à vous, Lorna, ma louve .
Qui veniez par le chemin sans souillures .
Si tout est fini, peut-être que tout commence. Que le perdu naguère ici se trouve et se retrouve .
Louange à vous, Lorna Louve .
Pour demain, notre enfance d'eau ,
Pour ce silence d'oiseau au bord des douves .
..

Texte superbe magnifié, sublimé par ces deux acteurs d'un grand charisme et d'un enthousiasme évident.
France Quenon joue avec pureté et simplicité, en présence sans cesse du regard de son partenaire, Jacques Neefs qui a l'art de fixer le spectateur avec une chaleur humaine, un désir de convaincre et de l'entraîner dans son voyage initiatique. Ils sont beaux à regarder tous les deux avec leur jeunesse éclatante .
Christophe Van Rossom (adaptateur) : Aujourd'hui le poète vit maintenant dans la présence de Lorna. Il pourrait y passer une éternité. Il évoque sa rencontre miraculeuse .Le choc et la métamorphose. Lorne rend grâce à Lorna de l'avoir inventé comme à chaque instant elle invente le monde. Elle lui a offert le souffle et la vision qui permettent d'écrire. Il le sait. Lorne et Lorna marchent indissociables désormais sur le chemin d'une vie enfin imaginable…

Jean-François Brion , jeune comédien et metteur en scène-, que nous voyons de plus en plus souvent sur nos scènes belges, a prêté son talent et un œil bienveillant aux acteurs, les mettant tous deux en situation et donnant à la poésie un aspect fictionnel. Un spectacle très vivant que l'on regarde et écoute avec ravissement.
Fabienne Govaerts (directrice du théâtre) : Voici plus de 30 ans que l'œuvre de Jacques Crickillon se déploie , fastueuse et envoûtante, véritable chant d'amour continu à une femme , la sienne. Car c'est bien elle, sous ses multiples avatars, qui porte et transcende tout son projet poétique .
Cela faisait un long moment que je me battais pour réaliser un spectacle semblable. J'y suis parvenue. J'en suis très heureuse !


Un spectacle qui " colle " admirablement à cet endroit souterrain de la rue du Belvédère à Ixelles, devenu " théâtre Littéraire " par la magie et la volonté d'une femme , Fabienne.
... " Quand le pélerin arrive au monastère, la montagne se referme comme un manteau de prière .
Le pélerin à genoux dans la poussière comme une montagne sur sa mort.
Et les mots qu'il dit, les mots qu'il dit sans les dire creusent dans la chair de sombres figures souriantes .Et laissent dans la chair de l'air, toutes paroles éteintes, ce sourire de lumière ,
Que voici ,
Au seuil de la nuit ,
Sur la haute marée de sable .
Aujourd'hui ,
Et à l'heure de notre envol .
..

J'étais présent le soir de la première et j'ai pu constater le bonheur et la joie que ressentaient, non seulement la directrice du théâtre, mais aussi toute l'équipe du spectacle. Et l'auteur, accompagné bien évidemment de son épouse (pourraient-ils d'ailleurs se séparer une seule seconde ?) , suivaient avec sérénité et inquiétude à la fois, leurs mots mis en bouche par les comédiens.

Quand le pèlerin
Comme l'oiseau voyageur s'étanche à l'étang secret .
Comme le louveteau s'émerveille d'une solitude blanche .
Quand le pélerin arrive au monastère .
Comme le flot de colombes se noie dans l'azur .
Comme le fleuve sans âge à sa source médite .
Quand le pélerin arrive au monastère de la montagne de sa vie .
Comme repose la pierre à l'assise vouée - et là-haut la cime signe, et là-bas la mer à l'éternel enseigne .
Le pélerin s'agenouille et rend grâce. Et la sphère de silence s'élève au-delà. Voici que posé sur sa mort il rend grâce .
La porte du monastère ne s'ouvrira pas. Nul ne viendra avec lui partager des vérités .
Le pélerin s'en va au-delà, vers le creux de pierre de son corps .
Vers le creux de pierre de sa vie et de sa mort .
La nuit, la nuit des mots, la haute nuit des mots de l'amour
Exauce ce jour notre envol .


Une soirée consacrée à la poésie, la vraie poésie, celle de toujours , qui demeurera présente à travers le temps qui passe…
(extraits du texte de Jacques Crickillon, adapté pour la scène par Christophe Van Rossom , ainsi que de propos publiés dans le programme du théâtre)

Roger Simons, theatre@cinemaniacs.be


**********

9 mars 2014

24 octobre 2016